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Chez Absentminded, pour ceux qui ne sont pas toujours là...
6 juin 2010

Wax Tailor - Until Heaven Stops The Rain

Y'a de l'orage et j'adore ça. Voir les éclairs déchirer le ciel. Entendre le grondement du tonnerre, comme un chat en colère qui nous cracherait son fiel au visage. Posée sur un rebord de fenêtre, des amis pas loin qui discutent à l'intérieur. Me laisser tremper par les gouttes de pluies lourdes qui s'écrasent sur moi. Fumer ma cigarette en la cachant avec ma main, histoire qu'elle ne s'éteigne pas. Ne pas penser au moment où il va me falloir rentrer. Me caler sous la couette, avoir trop chaud, ouvrir la fenêtre. Espérer vainement la présence d'un anglais sous mes draps. Me relever, ouvrir la fenêtre du salon, me poser avec une clope, un verre d'eau avec du sirop de citron vert et mon ordi. Commencer à tapoter sur les touches. Laisser s'écouler la tristesse. L'absence de mots qui blesse. L'absence tout simplement, l'absence de lui, qui me pèse. La solitude qui ferait couler mes larmes, si je n'avais pas déjà épuisé le stock depuis des années.

Mais vient un moment où il me faut savoir m'avouer vaincue. Prendre mes cliques et mon clic-clac et m'en aller. Laisser les gouttes me couler dessus, essayer de passer entre, comme on sautille sur un passage piéton pour ne toucher que les bandes blanches. Marcher jusqu'à chez moi. Monter les escaliers en chantonnant, en priant pour qu'il soit là, "Surprise!", à m'attendre devant ma porte. Et chaque fois que je dépasse le dernier tournant, l'espoir qui s'écroule. Le moral en berne, il faut encore ouvrir la porte. Rentrer, enlever les vêtements mouillés. Me glisser sous les draps trop chauds, me dire que je suis bien seule. Si seule. Me relever, attraper mon iPod, mettre Wax Tailor et me laisser bercer.

Et puis il y a de ces soirs où ça ne fonctionne tout simplement pas. J'ai beau regarder les étoiles sur mon plafond, je n'arrive pas à trouver le sommeil. Je repense à ce que l'on s'est dit. Je m'interroge une énième fois sur les raisons de son silence. Je n'en trouve aucune. J'en trouve des centaines. De bonnes excuses, il y en a quelques unes. Des mauvaises, beaucoup plus. Et je me dis que j'ai été bien bête. Mais en même temps, c'était si bon de me laisser aller à aimer quelqu'un, presque au premier regard. A me laisser conquérir sans heurts. A me laisser embobiner sans problèmes. A me faire avoir, trop facilement.

En même temps non. Ce n'est pas comme si, dès le début, je n'avais pas été consciente de ce que cela impliquait. Rien, c'est le mot. Just a little mindless sex. Juste comme ça, sans conséquences, sans lendemain. J'ai laissé mon petit coeur s'emballer. Il semblait si parfait le lendemain, et les jours qui suivirent. Puis soudain, plus rien. Pas une nouvelle, pas un mot de travers. Mais d'un coup, plus aucune réponse à mes messages. Et alors, j'ai compris. Compris que c'était fini. Il y a quand même des moyens plus simples et moins blessants de le dire. Ou de ne rien dire, en l'occurrence.

Alors oui, j'ai mal. Et non, je n'en parle pas. Mais si je ne le fais pas, c'est qu'il y a une raison. C'est que le dire, ça a un côté tellement définitif. Je ne voulais pas que ça s'arrête, cette correspondance électronique. On avait encore tant à se dire. Il y a tellement de choses que j'aurais voulu savoir de lui que je ne saurais jamais. J'aurais voulu le voir au petit dej. L'embrasser tendrement quand il part au travail. Partir au mien, un peu plus tard, le temps de ranger un peu, de savourer ma vie avec une tasse de thé en regardant Londres qui s'éveille. J'aurais voulu râler pour la forme quand il passe une soirée devant sa Xbox, en m'attendrissant devant son coté grand gamin, travaillant de mon côté sur mon ordi portable. Aller me coucher avec lui, dormir dans ses bras. Et recommencer encore et encore.

Je suis définitivement trop fleur bleue.

Le dernier coup de tonnerre n'est pas passé loin. Même pas une seconde entre l'éclair et le rugissement du tonnerre. Les vitres qui ont tremblé. J'ai tout débranché, sauf le frigo et la freebox. Je n'ai pas peur. J'adore ça. Mais ça me fait réaliser l'ampleur du vide à côté de moi, dans ce grand lit pour deux où je suis seule. J'aurais tant voulu qu'il soit là. C'est ce genre de petits détails banaux que j'aurais voulu partager avec lui.

Je me fais du mal.

Mon esprit tourne en boucle. Certaines choses, certaines personnes, m'empêchent de sombrer, dur retour à la réalité. Mais sans cela, sans les partiels qui approchent à grand pas, je serais encore dans cet état végétatif du manque de lui. Et ça... Ca n'est pas bon pour moi.

Alors j'arrête. Je laisse le rythme de mes doigts se calmer sur le clavier. Je débranche tout, je me laisse sombrer dans la torpeur propice au sommeil. Je laisse se jouer sur mes paupières le cinéma de notre rencontre, des souvenirs heureux. Je me laisse couler dans les oreillers, je laisse une larme perler derrière mes paupières. Et j'espère que demain, la pluie aura lavé ces derniers vestiges de "nous", et que se lèvera un jour meilleur.

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Commentaires
H
Courage ma belle.<br /> Il te faudra un peu de temps mais tu t'en remettras.<br /> Laisse le temps faire la part des choses.<br /> je t'embrasse
A
il y a une phrase de Helen Keller qui dit :<br /> "Lorsqu’une porte du bonheur se ferme, une autre s’ouvre, mais parfois on observe si longtemps celle qui est fermée qu’on ne voit pas celle qui vient de s’ouvrir à nous."<br /> <br /> autrement dit, lorsque moi aussi je ressens des choses comme celles que tu es en train de décrire (je ne me rappelle plus si on se tutoie ou si on se vouvoie alors j'espère que tu ne m'en veux pas si je suis passée naturellement au tutoiement) oui donc lorsque je me sens seule et dans le manque comme ce que tu décris tellement bien ici, je m'interroge sur le fait que tant que je n'arrive pas à passer à autre chose ça m'empêche de construire d'autres relations<br /> Penser à un homme alors qu'on sait très bien qu'il n'y a plus aucun espoir ça empêche de regarder les portes qui s'ouvrent, non ?
Chez Absentminded, pour ceux qui ne sont pas toujours là...
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