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Chez Absentminded, pour ceux qui ne sont pas toujours là...
28 novembre 2009

Uffie - Pop The Glock

 

"Paris, c'est toi la Butte"

 Partie I

Partie II

Partie III

- Partie IV -


Ce n'est que quelques jours plus tard que j'ai compris l'erreur dans laquelle j'étais, que je compris ce que je représentais vraiment pour Nathanaël.

Deux jours après "le" sms, n'ayant aucune nouvelle de lui, je lui en envoyais de nouveau un, cette fois-ci pour qu'on se voit. Je l'ai invité à prendre un café chez moi, le mercredi après-midi, lorsque la maison serait vide.

A l'heure dite j'étais assise dans la cuisine, sur une de ces atroces chaises chromées de mes parents, le menton dans la paume de la main. Comme tous les mercredis après-midi, j'étais seule à la maison, et personne ne serait là avant un moment : mes parents travaillaient toute la journée, et mon frère avait son entraînement de foot. Je commençais mon attente. Les petits gâteaux étaient dans une petite assiette en porcelaine délicate devant moi. Les tasses, les soucoupes et les cuillères sorties. Mad World de Gary Jules, première chanson de ma playlist du moment sur l'ancien ipod de Juliette, qui me l'avait offert quand je lui avais dit quelques semaines auparavant que je n'avais jamais eu de lecteur mp3, jouait sur les enceintes du salon. Il était 14h et les nuages étaient gorgés de pluie, le ciel de la fin d'hiver magnifique, dans des tons de bleus et oranges qui annoncent que l'orage est proche. Un ciel comme je les aimais.

A 14h25, je commençais à m'impatienter. La tenue que j'avais choisie pour ce premier rendez-vous en amoureux, premier rendez-vous officiel, était certes plutôt osée, jolie, mais fort peu confortable. La jupe était tellement courte que mes fesses étaient en contact direct avec le métal froid de la chaise, et le tee-shirt tellement court, décolleté et léger que j'avais de plus en plus froid à mesure que les minutes passaient.

A 14h33, l'interphone sonna. Je me précipitais hors de ma chaise et décrochais le combiné.

"Angie, c'est Nathanaël, désolé du retard ! Tu m'ouvres ?" me demanda-t-il de sa vois grave et un peu essoufflée dans le combiné.

"Bien sûr" répondis-je en appuyant sur le bouton d'ouverture de la porte. "Au 2ème, sur la gauche."

Je raccrochais, remettais la playlist à son commencement, et me laissais bercer par les notes de piano de l'intro, rapidement additionnées des bruits de pas de Nathanaël dans l'escalier. Il toqua à la porte, et je me dirigeais, en apparence le plus calmement du monde, vers la porte.

"Salut !" me dit-il lorsque j'ouvris la porte. Il se pencha vers moi, me fit un bisou léger sur la joue, et me regarda dans les yeux en me posant la question traditionnelle : "ça va?"

J'étais incapable de répondre, déstabilisée comme je l'étais. "Il m'a fait la bise !" pensais-je en mon for intérieur. Pourquoi me faisait-il la bise ? N'était-on pas en couple ? Etait-ce pour cela que je n'avais plus de nouvelles de lui depuis "le" sms ? Je bouillonnais, les questions se succédaient dans mon esprit sans interruption ni cheminement logique.

Figée sur place, je restais quelques instants avec mes questions en tête, puis un changement dans la musique, passant à Angie des Rolling Stones, me fit l'effet d'un choc électrique : je me penchais vers lui, de plus en plus près, les yeux grands ouverts à l'affut de la moindre de ses réactions. A ce moment, il regardait le plafond, aussi ne me vit-il approcher qu'à la dernière seconde. Sa bouche tordue en un léger sourire en coin, ses yeux exprimèrent d'abord la surprise, puis lorsque mes lèvres touchèrent les siennes, il ferma les yeux et m'empoigna doucement par la taille. Alors que je passais mes bras autour de son cou et l'attirait vers le canapé du salon, il me repoussa doucement de ses mains.

"Qu'est-ce que tu fais, Angie ?" me dit-il avec un sourire qui s'allongeait. "Tu ne crois quand même pas qu'on est en couple ?" fit-il abruptement.

J'avais une boule dans la gorge, et mes lèvres tremblaient tellement que je ne répondis pas. Voyant cela, Nathanaël prit ma main droite dans la sienne et se dirigea vers la cuisine en m'emmenant à sa suite. En passant le bar, il regardait les hauts plafonds, puis il se tourna vers moi, m'assit sur la chaise, et posa ses deux mains sur mes épaules.

"Je pensais que c'était clair pour toi comme pour moi, dès le début. Je ne suis pas à la recherche d'une relation longue durée. Ce que nous avons vécu l'autre soir c'était sympa, et on pourrait recommencer, mais je ne suis pas à la recherche d'une petite amie. C'est tellement moins prise de tête les plans cul !" Il me souriait en disant ça, et je ne voulais pas passer pour une cruche, c'est pourquoi j'enlevais ses mains de mes épaules, me levait, me dirigeait vers la machine à expresso et commençait à effectuer les mouvements rituels de la préparation du café avant de répondre : "Rassures-toi, c'est pareil pour moi. On a tous nos plans cul." Pour parfaire mon oeuvre de théâtre, je me tournais à demi vers lui, et lui lançait un sourire espiègle assorti d'un clin d'oeil. Ce qu'il ne vit pas, c'est qu'en me tournant à nouveau vers la machine à café, je mordais ma lèvre inférieure très fort pour ne pas pleurer.

Nathanaël rit, puis me dit, un sourire dans la voix, que cela le rassurait, parce qu'il m'appréciait beaucoup et qu'il espérait me revoir souvent. En effet, nos discussions s'avéraient non seulement intéressantes mais stimulantes, et il appréciait beaucoup de discuter avec des personnes ayant les mêmes goûts que lui.

Pendant son speech, j'avais le dos tourné à lui et les mains qui tremblaient sur la machine, et ce fut un miracle que le café ne se renverse pas partout sur le comptoir de la cuisine. Quand les deux cafés furent prêts, je me retournais vers la table, lui servait le sien, mettait mes deux sucres dans le mien, et commençait à touiller. Il rit. Lorsque je lui demandais ce qui le faisait rire, il me dit que ma façon de touiller le café avec un tel sérieux lui semblait comique, et je me joins bientôt à lui pour une petite séance d'autodérision.

~~~~~~~

Lorsqu'il fut partit, l'après-midi se mélangea dans un brouillard doux-amer et je remettais ma playlist à son début avant de m'effondrer sur le canapé en peau de pêche marron, mon préféré, et de m'enrouler dans une couverture toute douce beige qui était posée là. Les notes de piano et la voix mélodieuse de Gary Jules emplirent de nouveau le salon. Je saisis la télécommande sur la table basse en verre et fer forgé et montais le son jusqu'à ne plus entendre mes pensées, seulement la musique qui emplissait la pièce et mon esprit.

Je restais comme ça une bonne demie-heure, remettant la chanson à son début dès qu'elle se terminait, laissant les larmes de tristesse couler sur mes joues. Laissant tout de même un sourire se dessiner sur mes lèvres, à l'idée de l'après-midi que j'avais passée avec lui, aux discussions que nous avions eu, aux moments où il réfléchissait et où je pouvais contempler son profil tandis qu'il regardait la circulation qui allait et venait devant chez moi. La tristesse m'étreignait, mais je ne pouvais m'empêcher d'être optimiste. Je pensais : "tous les garçons disent ne pas vouloir de relation longue, mais je suis sûre que je peux le faire changer d'avis".

Lorsque la piste changea de nouveau pour "Angie", après une demie-heure de "Mad World", je me levais du canapé, repoussait la couverture et commençait à onduler doucement dans l'appartement. J'étais heureuse, j'étais aux anges. Je jetais mes bras en l'air en pensant : "bientôt, il sera à moi. Bientôt, il ne pourra plus se passer de moi." Je n'avais aucune idée de la façon dont j'allais réussir cet exploit, mais au fond de moi je le savais, j'y arriverais. Dussè-je m'accrocher, lutter contre une bonne poignée de filles toutes plus belles et mieux roulées que moi, je savais que rien ne me ferait changer d'avis avant d'avoir réussi à l'avoir.

Et puis, il paraît que c'est ça, le jeu de la séduction.

 

DSCF4727

PS: Ca, c'est mes cheveux cet été, pourquoi?

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