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Chez Absentminded, pour ceux qui ne sont pas toujours là...
8 novembre 2009

Yodelice - Sunday With A Flu

Ma mère ne m'a jamais aimée. Depuis ma naissance je le sais. Plutôt que de me bercer, elle me frappait. Plutôt que de m'aimer, elle me détestait. Plutôt que de me cajoler, elle hurlait. J'ai vite appris à passer outre, mais il n'empêche que ce genre de blessure reste ancrée au plus profond de notre personne jusqu'à la fin de notre vie. Les cicatrices ne disparaissent jamais complètement.

Quand je regarde les photos de familles d'autres gens, sur Google Images, ça me fait mal. J'ai le coeur qui se serre et je voudrais pleurer. Mais mes yeux restent désespérément secs. Dans mes souvenirs, jamais je n'ai pleuré. C'est quelque chose dont je suis incapable.

Je ne connais pas mon père. Je ne sais pas comment il est, à quoi il ressemble. C'est quelques chose qui a toujours manqué à ma vie. La pièce du puzzle qui permet d'en saisir le sens, l'essence.

Les psychiatres se feraient un plaisir de se perdre dans les méandres de mon cerveau. Il y a tant de névroses en moi qui ne seraient jamais apparues sans l'intervention de ma folle de mère, et l'absence de mon père. Ils diraient tous que je suis une malade à la recherche de son père, le complexe d'Oedipe incarné. Mais je m'en fiche. Ma vie est difficile, comme la vie est dure pour tout le monde. Je souffre, mais cette souffrance est un vent créatif qui me pousse en avant. Sans ma souffrance, jamais je ne serais arrivée à un tel sommet de mon art.

L'apothéose? Mon suicide. Minutieusement orchestré, soigneusement préparé. Ce sera fantastique, grandiose, spectaculaire ! Il n'y aura personne pour le voir, mais quand les photos paraîtront... Je me suis déjà arrangée. J'ai demandé à un ami photographe de venir demain matin, aux aurores, avec un appareil photo adapté à des prises de vue en extérieur. De près comme de loin. Je ne lui ai pas dit ce qu'il trouverait, mais je l'ai prévenu que ce serait glauque. Et il m'a promis de prendre des photos. J'ai même réalise quelques croquis des gros plans que je voulais.

Et ce soir? Je suis en haut de cet immeuble. Les pans de ma robe blanche immaculée volettent au vent. La pluie s'est retirée pour la nuit. La lune me fait signe, du haut du ciel nocturne. Dans un instant, je vais sauter.

Ma seule pensée, avant de réaliser ce grand saut qui ne m'effraie même pas, est pour cet homme. Je repense à ses mains puissantes, à son sourire chaleureux. Je vois ses yeux qui me lancent un appel, et je saute. Je lui souris, alors que le vent siffle à mes oreilles, et que le sol se rapproche à très grande vitesse.

Ma dernière pensée sera pour lui, mon coeur gonflé d'amour qui lui hurle en silence ce que je n'ai jamais osé lui dire. Ma bouche s'ouvre sur un "je t'aime."

Et mon crâne explose sur l'asphalte.

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Commentaires
H
Joli texte, très bien écrit mais même si le thème n'est pas joli.<br /> <br /> J'aime :)
A
merci de me rassurer :-)<br /> tu as beaucoup de talent, j'aime !
A
...<br /> Désolée Ambre, rassures toi je n'ai pas de pulsions suicidaires. C'était juste un dimanche soir feeling blue.<br /> Et je n'avais pas d'autre fin plausible...<br /> (et comme chaque fois que j'écris un article dans la catégorie "j'écris", c'est de la fiction.)
A
tu écris drôlement bien mais tu sais que tu me terrifies, aussi, parfois ?
Chez Absentminded, pour ceux qui ne sont pas toujours là...
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